Twitter Updates
vendredi 23 octobre 2009
Quatre pièces de Feydeau
vendredi 16 octobre 2009
Trisha Brown Dance Company
mercredi 14 octobre 2009
Vie privée
samedi 3 octobre 2009
L'Art du Rire
L'Art du rire, de Jos Houben - Théâtre des Bouffes du Nord, jusqu'au 3 octobre - 1 h environ - de 12 à 26 euros la place environ.
Toussométire : 0/5 (nulle).
mercredi 23 septembre 2009
Vers toi Terre promise (tragédie dentaire)
jeudi 17 septembre 2009
Le Partage de Midi
Le Partage de Midi, de Paul Claudel - Théâtre Marigny, jusqu'au 3 octobre - de 25 à 45 euros - 2h20 env.
Toussométrie : Faible (1/5) - Salle manifestement captivée.
mardi 11 août 2009
Dernières impressions de la saison 2008-2009 (3/3) - La joie
Dernières impressions de la saison 2008-2009 (2/3) - Le crépuscule
A côté de ces anecdotes vite consommées vite oubliées (voir post précédent), la fin de saison a été l'occasion d'assister à quelques beaux crépuscules. Au Minetti de Thomas Bernhard, qui a mis le Tout-Paris en émoi (venu contempler au théâtre de la colline la flamme bien pâle de Michel Piccoli dont les chevrotements rendaient ce texte répétitif presque inaudible), on a préféré sur les mêmes planches la dernière mise en scène d'Alain Françon, La Cerisaie d'Anton Tchekhov, baignée dans la douce et mélancolique lumière de fin du jour. On y a croisé pour la toute dernière fois Jean-Paul Roussillon interprétant un Firs fier et touchant ; à ceux qui se souviennent de ses yeux très bleus dans son corps tout rond, je conseille de faire un tour sur le site de la comédie française en ce moment ; on y croise M. Roussillon dans l'exotique éclat de sa jeunesse. Et puis, le cinéma, qui nous permettra encore d'entendre sa voix (dans le Mischka de Jean-François Stévenin ou le Conte de Noël d'Arnaud Desplechin par exemple). Enfin, L'Amante anglaise au théâtre de la madeleine présentait une héroïne durassienne incarnée avec finesse par Ludmila Mikaël, neurasthénique, perdue, passionnée, martyre et bourreau (Claire Lannes, qui tua sa cousine avant de démembrer son corps sans jamais parvenir à expliquer réellement son geste). Sur une scène dépouillée, sombre, l'histoire de la fin d'une vie et de la fin de la raison.
Dernières impressions sur la saison 2008-2009 (1/3) - la violence
La violence
Le Pulle, c'est à dire les prostituées de Palerme, ville natale, lieu de travail et principale inspiration de l'auteure et metteure en scène ; des prostituées transgenres, désirées, convoitées, haïes, battues, violées par les habitants violents et contradictoires d'une cité déchue. C'était un spectacle punk, une performance, une provocation, orchestrée presque au fouet par une Emma Dante commentant l'action, chantant, abattant le décor (littéralement) au péril de ses acteurs ; des acteurs grimés, des hommes pourvus de perruques et de faux seins, des femmes dotées d'énormes godemichés, des poupées gonflables pour tous! Mais des acteurs qui ne jouent pas vraiment, qui se font vomir sur scène (littéralement aussi)... Points de suspension dans la salle, faut-il partir ou rester? Faut-il regarder la souffrance physique comme un spectacle, un combat de gladiateurs contemporain, l'exposition d'entrailles humaines comme remède à la curiosité morbide de citadins blasés en quête de sensations toujours plus fortes? Autant de questions auxquelles je ne sais pas répondre sans recourir aux outils trop simples de la morale et du bon goût.
J'en retiens néanmoins une sensation amère, celle de ne pas pouvoir aimer pleinement quelque chose à laquelle on voudrait adhérer (l'audace, l'engagement physique), parce que les voies empruntées par cet anti-conformisme semblent aujourd'hui prévisibles, banales et presque complètement appropriées par la culture dominante, voire la culture d'Etat. Etrange sensation que d'entendre les professeurs de français qui avaient eu l'idée saugrenue d'amener leur classe de 4ème à ce spectacle enjoindre leurs élèves agités et interpellés par la pièce de se taire, de ne pas rire, de pas crier et de rester assis! Voilà le dressage des futurs spectacteurs (de théâtre, de télévision, de leur vie?) à qui l'on inculque la foi dans l'existence d'une barrière symbolique : aux artistes officiels le métier de la critique et de la provocation, soupape nécessaire à la préservation de l'ordre social, aux autres la soumission quotidienne et la catharsis ponctuelle à opérer dans un silence religieux!
Le Pulle a pourtant le mérite paradoxal d'une cohérence totale dans son esthétique et son propos, un refus de la provoc' tiède et polie que l'on a malheureusement retrouvée plus tôt dans l'année chez Jean La Chance, pièce de jeunesse de Brecht montée au théâtre de la Bastille par des membres de Berurier noir. Casting mode (Clotilde Hesme, avec du talent mais non sans maladresse - voir la partie "accent campagnard", très ratée), chansonnettes punk hurlées/dansées et quelques codes brechtiens de rigueur (plateau visible, comédiens qui se changent au fond de la scène, interpellations du public) pour une adaptation un tantinet superficielle de la pièce. Même problème de positionnement pour la dernière création du chorégraphe Wim Vandekeybus au théâtre de la Ville (Nieuwzwart) : ambiance glauque, orchestre rock mi-psyché mi-bourrin, des danseurs qui se tortillent tous nus après avoir été découverts sous une immense couverture de survie dorée, qui se cognent contre les murs, bref une sorte de Rocky horror picture show qui se prendrait bien trop au sérieux.
samedi 28 mars 2009
Baby doll
jeudi 26 mars 2009
Casimir et Caroline
mercredi 25 mars 2009
Folies coloniales
mardi 24 mars 2009
Sables et soldats
Toussométrie : très forte (4.5/5)
vendredi 20 mars 2009
L'Ordinaire
Ce beau matériau est servi par des comédiens convaincants, surtout les dames : drôlerie irrésistible de Sylvia Bergé (Bess), qui tire son personnage de la ridicule bourgeoise du début vers une femme légère et tendre qui "se sent bien" dans la carlingue-épave, piquant de la jeune Priscilla Bescond (Nan), midinette délurée se muant en aventurière décidée, et force de Léonie Simaga à qui la tâche revient d'être l'inspiratrice pragmatique de la survie (Sue), et dont le jeu s'affirme à mesure que la pièce avance. A notre représentation, Elsa Lepoivre, souffrante, était remplacée par Florence Viala "avec le texte", qui réussissait à n'être pas mal du tout (elle était super dans "Fantasio" sur la même scène).
lundi 16 mars 2009
Voix off
mardi 10 mars 2009
dimanche 8 mars 2009
La Mort en échecs
La Mort en échecs, d'Olivier Maille - Mise en scène : Olivier Maille - Théâtre des Blancs Manteaux - Du jeudi au samedi à 20h45 - 17/20 euros
vendredi 6 mars 2009
Quand le monde était vert
jeudi 5 mars 2009
Importation du blog
mercredi 4 mars 2009
Oncle Vania
Dans la forêt de bouleaux
Il s'agit ici de la mise en scène de Claudia Stavisky aux Bouffes du Nord et non de la version donnée par le collectif des Possédés au théâtre de la Bastille. On peut s'interroger sur l'opportunité de programmer la même pièce dans la capitale à des dates identiques, si ce n'est pour le plaisir des fanatiques de Tchekhov ou de mise en scène comparée.
Toujours est-il que pour notre toussomètre, le début d'Oncle Vania est un régal puisqu'il s'agit de l'entrée en scène du docteur Astrov (Philippe Torreton) pris de toux ; miracle de la grégarité humaine, le public se met à tousser à l'unisson. Les gorges bien éclaircies, les comédiens peuvent mettre en place l'univers de neurasthénie provinciale propre à l'auteur. Didier Bénureau, surprise de la distribution, campe un Vania ridicule et touchant, drolatique et désespéré. P. Torreton quant à lui parvient à ne pas prendre trop de place et incarne avec beaucoup de sensualité la séduction ambigüe d'un médecin excentrique et alcoolique. Le reste des interprètes, quoique leur travail soit très soigné, est moins marquant. Le jeu de Marie Bunel notamment semble manquer de densité et de présence (mais c'est peut-être ce qu'il fallait pour le personnage d'Elena, jeune épouse d'un vieux professeur, oisive, ennuyée et comme absente à elle-même) tandis qu'Agnès Sourdillon, un peu âgée pour le rôle, appuie sans doute trop le côté terrien du tempérament de Sonia.
La mise en scène, servie par de somptueux décors et des astuces de plateaux (l'estrade mouvante, la table qui se déplace comme par magie), ne fait pas preuve d'une folle audace. Beaucoup de savoir faire mais trop de sagesse, tel est l'Oncle Vania proposé ici.
Toussométrie : Forte (4/5)
Oncle Vania, d'Anton Tchekhov - Mise en scène : Claudia Stavisky - Théâtre des Bouffes du Nord - Jusqu'au 3 avril 2009 - de 12 à 26 euros.
Je t'ai épousée par allégresse
Comédie sentimentale
On avait réservé des places pour voir ce spectacle, un peu à l'aveugle, et d'abord pour les comédiennes : Valeria Bruni-Tedeschi, pour l'impatience d'avoir devant soi, en chair et en os, l'actrice de cinéma ; et Edith Scob, pour la fulgurance de ses apparitions (voir L'Heure d'été, d'Olivier Assayas, où elle était à peu près la seule chose de bien). Et puis, stupeur, dans l'intervalle entre la réservation et la représentation, un déluge de critiques s'abat sur la toile. Superficiel, longuet, sans intérêt, les internautes estiment qu'il est bien inutile de se déplacer.
Aurait-on moins aimé si l'on n'y était pas de ce fait allé à reculons? Le plaisir que l'on a ressenti ne relèverait-il en fait que du soulagement? A t-on voulu compenser par notre enthousiasme les sièges vides dans une salle un vendredi soir?
Toujours est-il qu'on a trouvé notre compte dans cette comédie légèrement amère, qui parle sans s'apesantir de la possibilité, ou non, du couple. Il y a de la mélancolie bouffone, une bonne émancipée et des spaghetti au beurre ; un air de pop italienne, une mamma foldingue et pincée (merveilleuse Edith Scob), pas du tout dans les clichés, et l'histoire d'une femme qui se promenait dans les rues en attendant qu'un réalisateur de Cinecitta la remarque.
Peut-être que le sentiment de futilité ressenti par certains vient de ce que les monologues assez longs, de Giuliana surtout (V. Bruni-Tedeschi), ne servent pas un grand propos, ni un message à l'adresse du public. On n'en retient que quelques filaments de sa vie ; qui étaient sa mère, ses premiers amants ; là où elle a travaillé, ou plutôt d'où elle a été renvoyée. La seconde partie de la pièce dépeint un déjeuner familial, son ennui, l'impasse de la conversation puis finalement la griserie et la joie éphèmères d'un bon poulet rôti arrosé de bon vin. C'est très simple, modeste et cela penche un peu vers le boulevard. C'est une dramaturgie du quotidien, sans coup d'éclat, mais qui pose, discrètement, les bonnes questions sur la nature du lien conjugal.
La mise en scène de Marie-Louise Bischofberger est à l'unisson du texte et la galerie de personnages secondaires est excellement servie par des comédiennes exceptionnelles (Edith Scob donc, mais aussi Marie Vialle en bonne indispensable et Armelle Bérengier au sommet du burlesque). V. Bruni-Tedeshi et Stéphane Freiss étaient un peu hésitants le soir de notre représentation. Ils devraient prendre en assurance car le spectacle mérite mieux que les échos qu'il reçoit.
Toussométrie : Moyenne (2/5)
Je t'ai épousée par allégresse, de Natalia Ginzburg - Mise en scène : Marie-Louise Bischofberger - Théâtre de la Madeleine - Jusqu'en avril 2009 - de 17 à 48 euros.
lundi 23 février 2009
Le Cas Blanche Neige
Le conte expliqué aux adultes
Blanche Neige est un cas. Jeune et fraîche, elle n'a qu'une seule obsession et qu'une seule angoisse : être en mesure de séduire autant que sa belle-mère, la Reine, séduit les hommes. Mais la tâche n'est pas simple car, comme dans Gertrude (Le Cri) du même auteur, Howard Barker, monté à l'Odéon en janvier, cette mère d'âge mûr et de surcroît (prétendûment) stérile exerce une attraction irrésistible sur tous les hommes qui l'approchent.
Frédéric Maragnani a choisi pour mettre en scène ce conte déviant un plateau très dépouillé ; en son centre, une sorte d'ascenceur dont les portes s'ouvrent parfois, sur la forêt, ou plutôt sur l'inconscient et la transgression des personnages : dans la forêt, la Reine s'ébat avec le garde-chasse et Blanche Neige se tape... les sept nains! Le choix des comédiens est intelligent et le travail des corps soigné. Le supplice final de la Reine, vraie fin du conte de Grimm, montre un art de la suggestion consommé de la part du metteur en scène et une grande force d'incarnation de la comédienne, Marie-Armelle Deguy : on est réellement saisi d'effroi lorsqu'elle commence à chausser ses escarpins chauffés à blanc.
Dans l'émission déjà citée dans mon post du 17 février 2009, M. Maragnani expliquait la difficulté qu'il avait eu à trouver la mise en scène adaptée à ce tableau ; pour lui, Howard Barker n'écrit pas ses pièces en pensant à leur représentation. La solution qu'il a trouvée est belle, mais la danse jusqu'à épuisement de la Reine est éludée ; dans sa Blanche Neige, Angelin Preljocaj proposait lui une saisissante solution dansée. Ces deux traitements illustrent bien la divergence des approches de ce conte presque universel adoptées par ces deux spectacles.
Alors qu'Howard Barker s'acharne à expliciter le sous-texte fantasmatique du conte, avec une certaine force dans le trait mais sans grande subtilité (et que le metteur en scène allège en tirant l'ensemble vers la farce), M. Preljocaj respecte la fonction initiale du conte ; celle d'exorciser les angoisses et les fantasmes du lecteur par le biais de "paravents" narratifs, de situations symboliques. Ainsi, malgré la réussite incontestable du très explicite Cas Blanche Neige, on préfère tout de même une Blanche Neige chorégraphiée qui laisse encore aux spectateurs leur part d'imagination et d'interprétation.
Toussométrie : Calme (1/5).
Le spectacle n'est plus à l'affiche à Paris.
Commentaires :
- la problématique de la pièce selon son metteur en scène : http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Le-Cas-Blanche-Neige-Comment-le-savoir-vient-aux-jeunes-filles/ensavoirplus/
- http://www.ruedutheatre.info/article-27840253.html
- http://culturofil.net/2009/02/13/le-cas-blanche-neige-de-howard-barker/
- http://www.spectacles.fr/le-cas-blanche-neige/avis
- http://theatredublog.unblog.fr/2009/02/05/le-cas-blanche-neige/
vendredi 20 février 2009
L'air vicié du temps 2
Quelques investigations complémentaires grâce à l'ami google viennent enrichir le répertoire de références sur la toussométrie au théâtre :
- Clémence Hérout, qui blogge pour le théâtre de l'Athénée, élabore une typologie du tousseur des théâtres parisiens : l'intempestif, l'inopportun, le mondain... et l'innocent souffreteux. Ils ont chacun une bonne raison de tousser, dont celle de donner son opinion sur la pièce ou d'éviter de pleurer.
http://blog.athenee-theatre.com/index.cfm/2008/12/17/Kof-kof
Aussi, grosse controverse dans les commentaires sur l'opportunité ou non du bonbon au miel ou de la pastille mentholée pour enrayer la toux.
- La désencyclopédie, détournement de wikipédia (ou "la source en pleine évolution d'informations utiles et fiables, écrite entièrement par des singes savants") , nous offre, dans un article globalement très instructif sur le théâtre en général et en particulier, une explication à la toux des spectateurs : c'est pour faire sentir aux comédiens que le public est bien là.
http://desencyclopedie.wikia.com/wiki/Th%C3%A9%C3%A2tre#Le_public
- Du blog de Flop, qui n'est plus très actif (en tout cas pour sa rubrique théâtre), un morceau de mémoire numérique échoue sur la plage de google. C'est fascinant puisqu'il nous parle d'un spectacle de danse de Sasha Waltz monté un 2006 où l'on faisait tousser le public exprès. Pourquoi? Lisez ici :
http://www.favoritechoses.com/flop/2006/05/a_mare_basse.html
Enfin, finissons cette revue provisoire par une nouvelle citation bien à propos : "Le talent d'un auteur consiste moins à faire applaudir ses pièces qu'à empêcher le public de tousser." C'est Marcel Achard qui l'a dit.
mercredi 18 février 2009
La Dispute
Spectaculaire cruauté
Peut-on reprocher au théâtre d'être trop théâtral? C'est ce que l'on aimerait s'autoriser à dire à l'écoute du prologue de La Dispute, de Marivaux, mis en scène par Muriel Mayette au Vieux-Colombier, succursale boisée de la Comédie-Française. Le Prince (Thierry Hancisse) et Hermiane (Marie-Sophie Ferdane) y posent les fondements de leur dispute (de l'homme ou de la femme, qui a trahi en premier?) de la plus irritante des manières : affectations inutiles et gesticulations stéréotypées (ah, les brusques mouvement de redingote...) rendent le texte opaque au spectateur.
Bien heureusement, un coup d'éclat du Prince, qui retourne le décor en un claquement de mains, marque une rupture de ton. Le Prince découvre pour Hermiane l'expérimentation entamée dix-huit ans plus tôt par son père : quatre enfants, deux filles et deux garçons, ont été élevés, loin du monde et isolés les uns des autres par deux domestiques noirs. Désormais adultes, mais réellement sauvages et sans repères, ils sont présentés les uns aux autres sous le regard scrutateur du Prince et d'Hermiane logés dans une lucarne surélevée ; ils espèrent ainsi épuiser leur controverse grâce à cette expérience in vivo.
Pantins démunis face à l'irruption de l'autre, manipulés par leurs domestiques/maîtres, les quatres jeunes gens seront les victimes de l'artifice du Prince, que la scénographie (d'Yves Bernard) rend à merveille : prisonniers d'un cocon de bois dans lequel on entre ou sort par des trappes tournantes et imprévisibles, ils aimeront sans conscience et souffriront sans comprendre. En vain, car nulle réponse ne viendra trancher la Dispute. Sacrifiés pour le divertissement de spectacteurs curieux de leur destruction, Eglé et Azor, Adine et Mesrin, peuvent contempler leur nombreuse descendance : Loft story et Ile de la tentation, dont les participants réclament aujourd'hui le statut de... comédiens.
Toussométrie : Calme (1/5)
La Dispute, de Marivaux - Mise en scène : Muriel Mayette - Comédie-Française / Vieux-Colombier - Jusqu'au 15 mars - 1h30 environ - 28 €.
http://www.comedie-francaise.fr/dev/saison_spectacles.php?spid=123
Autres opinions :
http://www.lexpress.fr/culture/scene/theatre/la-dispute-au-theatre-du-vieux-colombier_739925.html : Christophe Barbier souligne la critique du mythe du "bon sauvage" mise en relief par Muriel Mayette.
http://theatredublog.unblog.fr/2009/02/04/la-dispute/
http://www.journal-laterrasse.com/la-dispute-1-3774.html
Et Muriel Mayette dans l'émission de Laure Adler sur France Inter :
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/studiotheatre/index.php?id=76532
mardi 17 février 2009
L'air vicié du temps
Votre serviteur se félicite de l'incroyable flair qui lui a fait créer un blog dont le sujet agite déjà le milieu critique et les gens de l'art ; quelle remarquable immersion dans l'esprit du temps!
Prenons-en pour preuve l'article paru dans Le Monde du mardi 17 février 2009, en page 20. On peut lire dans le compte-rendu (de Marie-Aude Roux) du récital donné par la soprano Nina Stemme à Strasbourg l'information suivante :
"A Strasbourg, on ne badine pas avec la toux. Le récital de la soprano suédoise Nina Stemme a commencé par une annonce sans ambages, après l'habituelle objurgation appelant à museler les téléphones portables : "Nous vous prions également de bien vouloir maîtriser vos quintes de toux ou de quitter la salle si nécessaire en toute discrétion."
Damned, miss Stemme! Voilà une tactique aussi finement ourlée que votre voix pour faire taire le toussomètre ; love it or leave it, la Suédoise ne chantera que dans un silence...religieux. Tout le monde ne peut pas se payer ce luxe de maîtresse de vieille école ; c'est ce que constate la comédienne Francine Berger, dans l'édition du 2 février dernier de l'émission "Comme au théâtre" sur France Culture (présentée par Joëlle Gayot), à propos de la pièce Gertrude (Le Cri) d'Howard Barker, donnée au théâtre de l'Odéon il y a quelques semaines (et dans laquelle elle joue un savoureux rôle de reine mère / vieille salope).
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/sur_scenes/fiche.php?diffusion_id=70436
Interrogée sur la réception du texte compliqué et provocateur du dramatruge anglais par le public (ou plutôt "vous sentez quoi émaner du public? "), Francine nous dit : "Ils écoutent très bien...On a eu une seule représentation où les gens ont un peu toussé.
- C'est la saison...
- Oui mais vous savez, lorsque les gens sont captivés, ils ne toussent plus ; même si c'est la saison et même s'ils sont malades."
Bon, Francine a peut-être un peu menti, à moins que le hasard veuille que l'on soit tombé ce soir-là mais qu'importe! Elle nous apporte là le premier théorème de notre quête, peut-être la pierre angulaire du vaste édifice de nos 100 jours.
lundi 16 février 2009
La Vénus à la fourrure
Histoire d'une soumission
Changement d'ambiance ; après la mélancolie fantasque du romantique Musset, nous nous sommes frottés à la mélancolie doloriste du post-romantique Sacher-Masoch, au théâtre de la Colline.
"La Vénus à la fourrure", pièce centrale de l'oeuvre de l'auteur qui donnera son nom au masochisme, évoque la soumission de Séverin à la maîtresse qu'il conforme à ses désirs, Wanda von Dunajew. Elle dit sa liberté face aux convenances de son temps, il la veut cruelle et suprêment dominatrice. Le couple trouve un bref équilibre sensuel et signe un contrat par lequel Séverin s'engage à devenir l'esclave de Wanda ; ils fuient vers l'Italie où le couple se délite peu à peu.
On le voit d'emblée, la pièce éprouve les limites de ce que le théâtre s'autorise à représenter ; de la passion, de la douleur et du plaisir, que nous donne à voir la mise en scène de Christine Letailleur? Du symbole voire de l'esquive, car de fouets et de fessée, nous ne verrons que des mimes. Un peu de nudité : les seins de Wanda, le sexe et les fesses de Séverin et enfin sa nudité entière, symbole de son humiliation finale. Et une chorégraphie étrange entre les deux amants, qui tantôt dessinent la spirale de leur désir autour d'un lustre qu'ils allument progressivement, tantôt se livrent à d'étranges processions mortifères en fond de plateau.
Malgré ces efforts de sublimation peut-on dire, la pièce procure plutôt de la gêne que de la fascination (en témoigne une toussométrie impressionnante ce soir là), et provoque plus de ricanements que de soupirs. La mise en scène, qui bien que très dépouillée arrive tout de même à flirter avec le kitsch (le lustre très "D&CO", et la "sonate au clair de lune" en boucle), prend des risques inutiles et laisse souvent sombrer les comédiens dans le ridicule : Andrzej Deskur (Séverin), dont la diction (volontairement?) hachée conjure malheureusement sa dévotion au personnage, essuie les rires du public à chaque fois qu'il confie sa qualité de "supra-sensuel" ; quant à Dimitri Koundourakis, qui incarne pourtant "le Grec", Apollon contemporain polysexuel et dominateur, il délivre la prestation la plus involontairement comique du moment (mais cela vaut le coup d'être vu). Valérie Lang (Wanda), enfouie sous de multiples fourrures, tire son épingle du jeu.
L'ensemble ne nous a donc pas convaincu ; reste la découverte d'un texte unique et l'hommage que l'on peut rendre à l'audace, même lorsqu'elle rate sa cible. Mais on peut aussi préférer réécouter une popsong parfaite justement intitulée "Venus in Furs", sur l'album sans titre du Velvet Underground et apprécier dans la poésie de Lou Reed l'héritage de Sacher-Masoch.
Toussométrie : Forte à très forte (4/5)
La Vénus à la Fourrure, de Leopold von Sacher-Masoch - Mise en scène : Christine Letailleur - Théâtre de la Colline (petite salle) - Jusqu'au 22 février - de 13 à 27 euros.
Fantasio
Carnaval mélancolique
Pour preuve de sa bonne foi, l'auteur de ce blog entame sa quête sur un bonheur absolu et inespéré. En passant pour la première fois le seuil de la Comédie-Française (salle Richelieu, près du Palais Royal), pour aller assister à une pièce de Musset qu'on n'avait pas fréquentée depuis le lycée, on s'attendait à se trouver là dans une institution décrépite où l'on ne manquerait pas de mettre en morceaux l'humour et la vivacité de Fantasio. Le risque était grand d'autant qu'une forte odeur de Shalimar flottait sur les premiers rangs (où le miracle de la réservation sur internet nous avait amenés) et que la toussomètre enregistrait une forte activité au niveau des premières loges.
Le prologue apporte un démenti immédiat à nos appréhensions : deux jeunes pensionnaires, dont nous avons appris les noms par coeur à l'issue de la représentation comme on le faisait des popstars à 15 ans, Clément Hervieu-Léger et Adrien Gamba-Gontard, nous arrachent nos premiers éclats de rire, lesquels émailleront le reste de la représentation. Car sur scène, on a là de considérables talents comiques : Melle Claude Mathieu en gouvernante complice et lacrymale et Guillaume Gallienne qui campe, avec une remarquable absence de vanité, un prince de Mantoue au ridicule abyssal. On croise d'ailleurs ce garçon sur Canal + (Le Grand Journal), dans de courts sketches satirisant le monde du cinéma, de simples amuse-gueules en comparaison de sa prestation ici.
La mise en scène est à l'image de son dispositif principal, un manège placé au milieu du plateau, virevoltante et joyeuse, et libre : s'emparant du thème du travestissement traité par Musset, c'est une femme (Cécile Brune) que le metteur en scène a choisie pour incarner Fantasio, jeune bourgeois de Munich qui, pour échapper à ses créanciers, prend l'aspect du favori disparu de la princesse (Florence Viala), un bouffon. Mais la mise en scène sait parfois suspendre le rythme - les personnages se figent presque tandis que le manège tournoie frénétiquement en une spirale stérile - et laisse le temps aux spectateurs de goûter la mélancolie profonde du texte de Musset. L'émotion vient alors brusquement se lover dans votre gorge, quand la princesse au coeur brisé n'a plus qu'un film burlesque muet pour invoquer le souvenir de son amour disparu. Notons au passage que le responsable de ce délicieux anachronisme cinéphile et de la mise en scène en général, c'est Denis Podalydès qui, au cinéma, et souvent avec son frère Bruno, est un des meilleurs représentants de la comédie d'auteur, délicate et hilarante, comme en témoigne par exemple la version "interminable" de "Dieu seul me voit" (1998) récemment éditée sous le titre de "Versailles-Chantiers" (l'intégrale des aventures d'Albert Jeanjean).
Pitch : La jeune princesse Elsbeth est promise au prince de Mantoue pour sceller l'alliance entre leurs deux peuples. Tandis que le prince, qui doit être présenté à la jeune fille, choisit de prendre l'aspect de son aide de camp pour se faire aimer d'elle vraiment, Fantasio, un jeune bourgeois fantasque prend l'aspect de Saint-Jean, bouffon de la cour et favori de la princesse récemment disparu, pour échapper à ses créanciers...
Toussomètrie : Calme (1/5).
Fantasio, d'Alfred de Musset - Mise en scène : Denis Podalydès - Comédie-Française, Salle Richelieu - 1h50 (sans entracte) - Jusqu'au 15 mars 2009 - de 11 à 37 €.
http://www.comedie-francaise.fr/dev/saison_spectacles.php?spid=107
Autres opinions :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=45694
http://theatre-danse.fluctuat.net/blog/33297-fantasio-a-l-aise-a-la-comedie-francaise.html
http://www.webthea.com/actualites/?Fantasio-d-Alfred-de-Musset,1645
Vade mecum
Ce blog est le récit d'une quête entamée à la faveur de la nouvelle année (2009). Elle vise à donner une réponse définitive et sans appel à une interrogation fondamentale : "les gens attendent-ils de tousser pour aller au spectacle ou les spectacles font-ils tousser?"(P. Daninos) et à la question subsidiaire : "le théâtre est-il devenu un art insupportable aux contemporains?"
Pour répondre à ces questions, l'auteur du blog se donne 100 jours (l'affaire finira donc mal), se fonde sur une méthode essentiellement empirique : aller au spectacle (théâtre, danse, opéra) -- à Paris -- et utilisera un instrument de mesure unique en son genre : un toussomètre.