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    mardi 24 mars 2009

    Sables et soldats

    Billet triste


    C'est un peu triste et poignant de quitter une salle sur une déception personnelle et sur les applaudissements clairsemés et hésitants des spectateurs ; c'est encore plus triste lorsque le metteur en scène, dans un élan brechtien, a décidé que ce ne serait pas son texte (car il est aussi auteur) ni sa mise en scène qui indiqueraient la fin du spectacle, mais la rétro-projection au mur de ces mots (de mémoire) : "La représentation est terminée, rentrez bien", en plusieurs langues juste au cas où le public de Gennevilliers prêt à en découdre avec "Sables et soldats" d'Oriza Hirata pendant deux heures ne maîtrise pas le français. Encore pire lorsque les comédiens n'ont pas le droit au salut final, mais doivent rester dans la peau de leur personnage et traverser, un à un, et très lentement, le plateau, comme ils viennent de le faire pendant toute la pièce.

    Le spectacle était donc exigeant et aride, comme le décor : un gros tas de sable dans lequel rampent et trébuchent les comédiens, et encore du sable qui s'écoule d'un sac pendu au plafond, pour un résultat parfaitement suffocant et un record de toussométrie prévisible. Le désert figuré ici voit se croiser des soldats (de ceux qui sont postés au Moyen-Orient en ce moment), des touristes en lune de miel, une lady perdue recherchant son mari, un père qui recherche avec sa fille sa femme perdue (redondance inutile de ces personnages d'ailleurs). Collision des figures sordides de la banalité contemporaine qui, au fond, n'ont rien à se dire, et marchent dans le désert sans but réel, comme on le découvre progressivement.




    Là, le dramaturge invoque Beckett ; nul "sens", nulle direction, mais bien la spirale absurde d'un éternel recommencement. Malheureusement, le texte, étiré à l'extrême et entrecoupé de très pesants silences (et qui pâtit peut-être aussi d'une traduction assez fade?) semble lui-même souffrir d'une telle vacuité que l'on se prend à douter de la nécessité du geste dramatique. Les comédiens, dont on entrevoit pourtant les qualités personnelles, ne parviennent à donner du relief à aucune situation, même comique, et laissent les spectateurs s'enfoncer dans une profonde torpeur. Une exception sans doute, l'irruption sur le plateau de deux comédiens japonais, Mima Fukushi et Tatsuya Kawamura, dont la diction maladroite matinée d'un fort accent sert encore une présence scénique drôlatique indéniable et une compréhension du texte plus affûtée que chez les autres comédiens.

    Peut-être est-ce ainsi qu'il serait bien d'entendre "Sables et soldats", dans sa langue ou sa forme originelles, sans l'artifice de l'adaptation au contexte français?

    Toussométrie : très forte (4.5/5)

    Sables et soldats, d'Oriza Hirata - Mise en scène : Oriza Hirata - Théâtre de Gennevilliers - Jusqu'au 11 avril - de 11 à 22 euros - Environ 2 heures




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