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    vendredi 6 mars 2009

    Quand le monde était vert

    I was born by the river

    La Manufacture des Abbesses, jeune théâtre créé en 2006, lové dans une rue montmartroise de carte postale tout près de la très belle église Saint-Jean, s'est donné comme raison d'être la création de textes contemporains. Hier soir, c'était donc un morceau de dialogue poétique dont les racines plongeaient au coeur de l'americana, par Sam Shepard (par ailleurs acteur et scénariste pour Wenders, Antonioni ou Altman), que proposait la Compagnie "Ah! ".

    Le public entre dans la salle au son d'une flûte indienne. Une jeune femme rend visite à un vieux Peau-Rouge, en prison pour avoir empoisonné un homme. D'où vient la jeune femme et que cherche-t-elle auprès du vieillard assassin? Pour assouvir quelle vengeance l'Indien a-t-il tué? Le dialogue entre ces deux représentants un peu paumés des marges américaines, d'abord tendu, méfiant, glissera petit à petit vers la compassion et la tendresse. Le récit de leurs vies, de leurs errances et de leurs plaisirs (la nourriture, le goût - le prisonnier fut cuisinier) est ponctué par la musique d'un troisième comédien (Timothée Couteau, musicien multi-instrumentisme de profession), dont la présence silencieuse et fantomatique évoque le souvenir des morts qui hantent les esprits.

    Michel Carnoy, dans le rôle du grand chef - chef cuisinier, chef indien - , est parfait ; il nous fait partager la trajectoire d'un homme d'abord prostré par l'horreur de son acte, herratique, vers une paix finale au seuil de la mort. On sent beaucoup de talent et de métier dans sa prestation, qui ne cède jamais au sentimentalisme que la pièce pourrait susciter mais qui touche juste. Le duo qu'il forme avec Marie Le Cam fonctionne bien ; même si une plus grande modulation de son jeu pourrait assouplir sa prestation, la comédienne fait tout de même preuve d'une belle intensité émotionnelle, au plus près de l'écorchée vive qu'elle incarne.

    Quand le monde était vert est une réussite humble mais incontestable, entièrement portée par les comédiens qui ne s'appuient sur aucune béquille de mise en scène. Il est dommage de constater que le public soit si peu nombreux (en tout cas le soir de notre représentation) pour applaudir leur talent et l'audace de montrer une pièce inédite à Paris, alors qu'on le trouve en nombre pour assister pour la centième fois à un Oncle Vania somptueux mais ô combien sage.

    Toussométrie : faible (1/5)
    Quand le monde était vert, de Sam Shepard - Mise en scène : Antoine Herbez - Manufacture des Abbesses - Jusqu'au 11 avril - De 13 à 24 euros (un flyer distribué après la représentation indique qu'une place gratuite était offerte pour toute place achetée).

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