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    samedi 28 mars 2009

    Baby doll

    Maison de poupée


    Certains spectacles imposent aux spectacteurs, dès le lever de rideau, la saveur du travail honnête. Le décor de Laurence Bruley, agréable, lisible et simple, donne le ton : la maison de Baby Doll, bicoque du Sud en bois, sur deux étages (ce qui offre ensuite une bonne dynamique à la mise en scène) est bien plantée. La mise en scène de Benoît Lavigne est à l'unisson ; respectueuse de l'esprit du texte de Tennessee Williams (adapté par Pierre Laville), soucieuse de véracité historique et misant sur le professionalisme des comédiens, elle ne s'autorise guère de fantaisie ni de distance par rapport à son matériau.



    Ce rapport humble au texte est payant ; on passe deux heures sans temps mort au coeur de la moiteur du bayou, avec des comédiens dont le talent est soutenu par une maîtrise technique solide (Chick Ortega en mari jaloux, deux seconds rôles truculents tenus par Monique Chaumette et Théo Légitimus), au premier rang desquels Xavier Gallais (Silva Vacarro), très bien dans son rôle de séducteur ténébreux animé du désir de vengeance et surtout Mélanie Thierry (Baby Doll), époustouflante tant elle campe avec profondeur et drôlerie la fraîcheur candide et la sensualité hésitante de son personnage.


    Toussométrie : faible (0.5/5)


    Baby Doll, de Tennessee Williams - Mise en scène : Pierre Lavigne - Théâtre de l'Atelier - Jusqu'à fin juin 2009 - De 7 à 39 euros


    jeudi 26 mars 2009

    Casimir et Caroline

    Trink, trink, trink

    Ödön von Horvath, l'auteur de Casimir et Caroline est mort écrasé par une branche d'arbre lors d'une tempête, à Paris où il s'était réfugié à l'aube de la seconde guerre mondiale. Mort absurde pour un homme qui avait résisté vent debout à la montée du nazisme en Allemagne et en Autriche. Dans Casimir et Caroline, on sent le souffle de l'auteur militant et du poète qui peint, sans concession à la morale ou à l'esthétique, la vie de ses contemporains. Casimir (Thomas Durand) et Caroline (Sylvie Testud) s'aiment et se rendent à la fête d'octobre ; mais s'aiment-ils assez pour rester ensemble alors que Casimir vient de perdre son travail, dans une époque où chacun lutte pour sa survie quotidienne? Caroline se laisse tenter par un tour de montagnes russes offert par un tailleur bourgeois ; c'est le début d'une nuit de disputes et de doutes, où Caroline et Casimir, portés par la foule ivre de bière (beaucoup de bière) et de vitesse, se perdent et se retrouvent, telles de frêles embarcations sur des flots déchaînés.


    Le théâtre de la Ville est un écrin à double tranchant pour Casimir et Caroline ; la scène est immense, bordée par une salle où les spectateurs sont alignés en pente raide. Le metteur en scène, Emmanuel Demarcy-Mota et son scénographe, Yves Collet, ont indéniablement réussi à transfigurer ce vaste espace en fête foraine munichoise aux accents expressionistes, fatras d'échafaudages précaires et des recoins interlopes, plongé dans une lumière glauque à souhait. Quelques tableaux sont marquants : celui où les jeunes fêtards glissent sur un rythme effréné sur les toboggans de la foire ou le passage de Caroline dans la tente aux "monstres". Mais dans cette immensité frénétique, cette mer sombre d'excitations artificielles, on perd un peu de vue nos deux protagonistes dont l'histoire est presque reléguée au rang de bruit de fond, malgré le très grand talent de Sylvie Testud. Est-ce à dire que le mouvement de l'histoire est un rouleau compresseur pour les destins personnels, et que ceux-ci ne sont qu'une suite de faux hasards conditionnés par la mécanique sociale?


    Le retournement de l'ordre dramatique, où la romance n'est qu'une toile de fond aux mouvements de masse, tient peut-être trop à distance le spectacteur et lui rend difficile l'émotion et l'empathie. Malgré la qualité du travail que l'on voit là, il n'est pas aisé de se défaire du sentiment d'assister à une "super-production" un peu froide, et donc un peu vaine...


    Toussométrie : faible (1/5)


    Casimir et Caroline, d'Ödön von Horvath - Mise en scène : Emmanuel Demarcy-Mota - Théâtre de la Ville - Jusqu'au 27 mars 2009 - De 12 à 20 euros environ - Il n'y a plus de places en vente pour ce spectacle.

    mercredi 25 mars 2009

    Folies coloniales

    La colonisation passée en revue


    Au théâtre de la Villette, la troupe des "Passeurs de mémoire" conduite par Dominique Lurcel (aussi metteur en scène du spectacle) fait revivre sur les modes du cabaret et de la revue les discours officiels, parades, opérettes...créés à l'occasion de la célébration du centenaire de l'Algérie française en 1930, le tout éclairé par des extraits de manuels scolaires, de guides touristiques, de revues scientifiques et de romans rédigés au cours de ces cent années qui séparent la prise d'Alger des célébrations cocardières emmenées par le président Doumergue.


    Le dispositif est épatant d'ingéniosité. Comment faire entendre aujourd'hui ces discours coloniaux pétris de racisme institutionnel et confits de certitude sur la magnanimité de l'entreprise "civilisatrice" de la France ? Comment convaincre un public de s'intéresser à ces textes ineptes qui n'en sont pas moins un matériau historique primordial pour comprendre les mécanismes de l'entreprise coloniale? Dominique Lurcel et sa troupe optent pour le burlesque et la dérision : au centre du plateau, un petit théâtre, presque un guignol, dont le rideau bleu-blanc-rouge s'ouvre sur les figures rendues grotesques de notre histoire.

    Le spectacle est donc tout à la fois très drôle, émaillé de morceaux de bravoure d'une saveur incomparable (le tableau du banquet républicain, exceptionnel) et horriblement gênant tant on est saisi de honte, voire d'effroi, à la lecture des textes. Ces passeurs de mémoire là réussissent la prouesse de nous édifier et de nous divertir à la fois ; voilà un tour de force théâtral comme on en voit peu, et qu'il faut courir découvrir le soirées qu'il reste!


    Toussométrie : forte (4/5)


    Folies coloniales, de Dominique Lurcel - Mise en scène : Dominique Lurcel - Théâtre de la Villette - Jusqu'au 28 mars seulement! - de 5 à 15 euros

    mardi 24 mars 2009

    Sables et soldats

    Billet triste


    C'est un peu triste et poignant de quitter une salle sur une déception personnelle et sur les applaudissements clairsemés et hésitants des spectateurs ; c'est encore plus triste lorsque le metteur en scène, dans un élan brechtien, a décidé que ce ne serait pas son texte (car il est aussi auteur) ni sa mise en scène qui indiqueraient la fin du spectacle, mais la rétro-projection au mur de ces mots (de mémoire) : "La représentation est terminée, rentrez bien", en plusieurs langues juste au cas où le public de Gennevilliers prêt à en découdre avec "Sables et soldats" d'Oriza Hirata pendant deux heures ne maîtrise pas le français. Encore pire lorsque les comédiens n'ont pas le droit au salut final, mais doivent rester dans la peau de leur personnage et traverser, un à un, et très lentement, le plateau, comme ils viennent de le faire pendant toute la pièce.

    Le spectacle était donc exigeant et aride, comme le décor : un gros tas de sable dans lequel rampent et trébuchent les comédiens, et encore du sable qui s'écoule d'un sac pendu au plafond, pour un résultat parfaitement suffocant et un record de toussométrie prévisible. Le désert figuré ici voit se croiser des soldats (de ceux qui sont postés au Moyen-Orient en ce moment), des touristes en lune de miel, une lady perdue recherchant son mari, un père qui recherche avec sa fille sa femme perdue (redondance inutile de ces personnages d'ailleurs). Collision des figures sordides de la banalité contemporaine qui, au fond, n'ont rien à se dire, et marchent dans le désert sans but réel, comme on le découvre progressivement.




    Là, le dramaturge invoque Beckett ; nul "sens", nulle direction, mais bien la spirale absurde d'un éternel recommencement. Malheureusement, le texte, étiré à l'extrême et entrecoupé de très pesants silences (et qui pâtit peut-être aussi d'une traduction assez fade?) semble lui-même souffrir d'une telle vacuité que l'on se prend à douter de la nécessité du geste dramatique. Les comédiens, dont on entrevoit pourtant les qualités personnelles, ne parviennent à donner du relief à aucune situation, même comique, et laissent les spectateurs s'enfoncer dans une profonde torpeur. Une exception sans doute, l'irruption sur le plateau de deux comédiens japonais, Mima Fukushi et Tatsuya Kawamura, dont la diction maladroite matinée d'un fort accent sert encore une présence scénique drôlatique indéniable et une compréhension du texte plus affûtée que chez les autres comédiens.

    Peut-être est-ce ainsi qu'il serait bien d'entendre "Sables et soldats", dans sa langue ou sa forme originelles, sans l'artifice de l'adaptation au contexte français?

    Toussométrie : très forte (4.5/5)

    Sables et soldats, d'Oriza Hirata - Mise en scène : Oriza Hirata - Théâtre de Gennevilliers - Jusqu'au 11 avril - de 11 à 22 euros - Environ 2 heures




    vendredi 20 mars 2009

    L'Ordinaire

    Tupi or not tupi

    Les anthropophages brésiliens peuvent être fiers de Michel Vinaver ; à la question posée par Oswald de Andrade en 1928 dans le Manifeste anthropophage, "Tupi or not tupi, that is the question", il répond par un grand "oui!" .

    Dans "L'Ordinaire", qui rentre au répertoire de la Comédie-Française, un jet transportant l'état major d'une multinationale américaine du préfabriqué s'écrase dans les Andes. Beaucoup survivent à l'accident : le PDG, sa femme et sa secrétaire, trois vice-présidents et la maîtresse de l'un, la fille d'un directeur mort sur le coup. Pour nourriture, le quotidien d'un avion de luxe : des alcools forts, des olives, des carrés de chocolat et quelques crackers... assez pour attendre des secours, dépêchés par un Pinochet pressé par Reagan...mais ceux-ci renoncent après quelques jours. Comment survivre alors dans ce désert de neige? La jeune femme brise le tabou : ce sont les cadavres que l'on mangera...

    Inspirée du fait divers du même tonneau qui marqua les esprits dans les années 1970 (pauvre équipe de rugby d'Uruguay), la pièce de Vinaver traite de front l'argument théorique du "mangera/mangera pas". Pas tant en développant une discussion morale et philosophique sur la validité du choix cannibale (plutôt l'occasion de bouffoneries de la part de la bigote Bess), qu'en en examinant sans fausse pudeur les conséquences pratiques : comment dépasser le dégoût et sublimer la nourriture, comment découper et conditionner la "viande" et comment la digérer. Mais l'auteur ne s'en tient pas là ; autour de ce noyau central, il agglomère une foule de thèmes secondaires (l'obsession du pouvoir dans la mécanique capitaliste, la séduction et la fidélité, qui étreignent des personnages oublieux de leur sort, encore absorbés par les enjeux de leur vie d'avant le crash) et tend en arrière-plan la toile tragique de la soumission politique et économique de l'Amérique latine des années 1970 et 1980.

    Ce beau matériau est servi par des comédiens convaincants, surtout les dames : drôlerie irrésistible de Sylvia Bergé (Bess), qui tire son personnage de la ridicule bourgeoise du début vers une femme légère et tendre qui "se sent bien" dans la carlingue-épave, piquant de la jeune Priscilla Bescond (Nan), midinette délurée se muant en aventurière décidée, et force de Léonie Simaga à qui la tâche revient d'être l'inspiratrice pragmatique de la survie (Sue), et dont le jeu s'affirme à mesure que la pièce avance. A notre représentation, Elsa Lepoivre, souffrante, était remplacée par Florence Viala "avec le texte", qui réussissait à n'être pas mal du tout (elle était super dans "Fantasio" sur la même scène).

    La mise en scène, assurée par Michel Vinaver et Gilone Brun, repose toute entière, outre les comédiens, sur un plateau central qui bascule vers les sièges des premiers rangs (mangeant ainsi l'espace du spectateur), véritable "radeau de la méduse" minimaliste. Le reste est très épuré, peut-être trop, de cette sécheresse qui demande beaucoup aux spectateurs ; ici, c'est le texte qui prime, et la présence de l'auteur comme metteur en scène n'y est peut-être pas pour rien. C'est de la chair dont on a envie autour de ce squelette de décor ; Michel Vinaver a peut-être pris plaisir à ne pas satisfaire notre appétit...mais pas de quoi nous dégoûter de cette pitance peu ordinaire.


    Toussométrie : forte (4/5)

    L'Ordinaire, de Michel Vinaver - Mise en scène : Michel Vinaver et Gilone Brun - Comédie-Française, salle Richelieu - Jusqu'en juin 2009 - de 11 à 37 euros - environ 2h30.

    lundi 16 mars 2009

    Voix off

    Voix de Denis Podalydès



    Lundi dernier, le 9 mars, Denis Podalydès lisait au théâtre de l'Odéon des extraits de son opus "Voix off", sorti l'année dernière, et quelques inédits. "Voix off" est le récit de la vie de Denis Podalydès, son enfance, sa formation artistique, ses premiers chocs esthétiques au théâtre, au travers de l'évocation des voix qui l'ont marqué et presque façonné : "Voix de Jean Vilar", "Voix d'Antoine Vitez", etc... "Voix off" est un considérable travail de réminiscences, de voix et de sons, infiniment précis, qui témoigne de l'obsession du comédien pour la matière vocale.

    Le livre est accompagné d'un disque compact, où l'on entend mêlées archives sonores et imitations par M. Podalydès : l'imitation, art populaire parfois grossier, voué à la moquerie ou à la supercherie, devient chez lui le support d'un hommage ému mais jamais empesé. Car bien sûr, du côté de Versailles, on n'oublie jamais d'être drôle et léger, creusant la veine de l'autodérision attendrie propre à la tradition familiale.



    C'était donc une très bonne idée que d'offrir une lecture de quelques passages traitant du théâtre et de ses grandes figures, à un public fanatique et très érudit. Avec peu de moyens et ce charisme si particulier du discret, il l'a tenu en haleine à coups d'anecdotes drôlatiques (hilarant épisode des charentaises de Simon Bakhouche) et d'invocations presque sacrées des morts illustres. Cela marche même lorsqu'on n'en a jamais vu un seul sur scène (cf. moi). Espérons donc que Denis Podalydès renouvelle encore cette proposition.


    Toussométrie : faible (1/5)


    "Voix off ", par Denis Podalydès, éd. Mercure de France, coll. Traits et portraits, 25 euros.

    mardi 10 mars 2009

    Booster blog

    Ai inscrit le blog sur boosterblog, pour le booster ; )




    dimanche 8 mars 2009

    La Mort en échecs

    Bergman en boulevard

    Changement d'ambiance pour le blog avec cette première virée dans les petits caveaux de Paris ; le théâtre des blancs manteaux en l'occurrence qui accueille une comédie déjà rôdée au théâtre André Bourvil. La mort en échecs met en scène un couple, dont chaque membre est retranché dans une moitié de leur appartement en attendant que l'un se décide à partir, et qui reçoit un soir la visite de...la Mort.



    Une Mort un peu mijorée qui fait son travail du bout de la faux et qui prend volontiers les conseils de ses victimes pour gagner en assurance. Le reste de l'intrigue est à l'ancan et offre tous les plaisirs de la comédie légère, quiproquos et retournements de situation à gogo. Les comédiens, très généreux, jouent à fond la carte de la connivence avec le public (la pièce aussi, truffée de références à la culture populaire contemporaine) et montrent aussi beaucoup de complicité entre eux (ce soir-là, Caroline Anglade, Philippe Blondelle et Rui Silva ; ils jouent en alternance). On rit donc beaucoup et on se retrouve sur le pavé de la rue des blancs manteaux le coeur léger.
    Toussométrie : nulle (0/5)

    La Mort en échecs, d'Olivier Maille - Mise en scène : Olivier Maille - Théâtre des Blancs Manteaux - Du jeudi au samedi à 20h45 - 17/20 euros

    vendredi 6 mars 2009

    Quand le monde était vert

    I was born by the river

    La Manufacture des Abbesses, jeune théâtre créé en 2006, lové dans une rue montmartroise de carte postale tout près de la très belle église Saint-Jean, s'est donné comme raison d'être la création de textes contemporains. Hier soir, c'était donc un morceau de dialogue poétique dont les racines plongeaient au coeur de l'americana, par Sam Shepard (par ailleurs acteur et scénariste pour Wenders, Antonioni ou Altman), que proposait la Compagnie "Ah! ".

    Le public entre dans la salle au son d'une flûte indienne. Une jeune femme rend visite à un vieux Peau-Rouge, en prison pour avoir empoisonné un homme. D'où vient la jeune femme et que cherche-t-elle auprès du vieillard assassin? Pour assouvir quelle vengeance l'Indien a-t-il tué? Le dialogue entre ces deux représentants un peu paumés des marges américaines, d'abord tendu, méfiant, glissera petit à petit vers la compassion et la tendresse. Le récit de leurs vies, de leurs errances et de leurs plaisirs (la nourriture, le goût - le prisonnier fut cuisinier) est ponctué par la musique d'un troisième comédien (Timothée Couteau, musicien multi-instrumentisme de profession), dont la présence silencieuse et fantomatique évoque le souvenir des morts qui hantent les esprits.

    Michel Carnoy, dans le rôle du grand chef - chef cuisinier, chef indien - , est parfait ; il nous fait partager la trajectoire d'un homme d'abord prostré par l'horreur de son acte, herratique, vers une paix finale au seuil de la mort. On sent beaucoup de talent et de métier dans sa prestation, qui ne cède jamais au sentimentalisme que la pièce pourrait susciter mais qui touche juste. Le duo qu'il forme avec Marie Le Cam fonctionne bien ; même si une plus grande modulation de son jeu pourrait assouplir sa prestation, la comédienne fait tout de même preuve d'une belle intensité émotionnelle, au plus près de l'écorchée vive qu'elle incarne.

    Quand le monde était vert est une réussite humble mais incontestable, entièrement portée par les comédiens qui ne s'appuient sur aucune béquille de mise en scène. Il est dommage de constater que le public soit si peu nombreux (en tout cas le soir de notre représentation) pour applaudir leur talent et l'audace de montrer une pièce inédite à Paris, alors qu'on le trouve en nombre pour assister pour la centième fois à un Oncle Vania somptueux mais ô combien sage.

    Toussométrie : faible (1/5)
    Quand le monde était vert, de Sam Shepard - Mise en scène : Antoine Herbez - Manufacture des Abbesses - Jusqu'au 11 avril - De 13 à 24 euros (un flyer distribué après la représentation indique qu'une place gratuite était offerte pour toute place achetée).

    jeudi 5 mars 2009

    Importation du blog

    Ce blog a été transféré depuis l'ancienne adresse suivante : http://iblogyou.fr/spectacles-font-ils-tousser

    mercredi 4 mars 2009

    Oncle Vania

    Dans la forêt de bouleaux

    Il s'agit ici de la mise en scène de Claudia Stavisky aux Bouffes du Nord et non de la version donnée par le collectif des Possédés au théâtre de la Bastille. On peut s'interroger sur l'opportunité de programmer la même pièce dans la capitale à des dates identiques, si ce n'est pour le plaisir des fanatiques de Tchekhov ou de mise en scène comparée.

    Image

    Toujours est-il que pour notre toussomètre, le début d'Oncle Vania est un régal puisqu'il s'agit de l'entrée en scène du docteur Astrov (Philippe Torreton) pris de toux ; miracle de la grégarité humaine, le public se met à tousser à l'unisson. Les gorges bien éclaircies, les comédiens peuvent mettre en place l'univers de neurasthénie provinciale propre à l'auteur. Didier Bénureau, surprise de la distribution, campe un Vania ridicule et touchant, drolatique et désespéré. P. Torreton quant à lui parvient à ne pas prendre trop de place et incarne avec beaucoup de sensualité la séduction ambigüe d'un médecin excentrique et alcoolique. Le reste des interprètes, quoique leur travail soit très soigné, est moins marquant. Le jeu de Marie Bunel notamment semble manquer de densité et de présence (mais c'est peut-être ce qu'il fallait pour le personnage d'Elena, jeune épouse d'un vieux professeur, oisive, ennuyée et comme absente à elle-même) tandis qu'Agnès Sourdillon, un peu âgée pour le rôle, appuie sans doute trop le côté terrien du tempérament de Sonia.

    La mise en scène, servie par de somptueux décors et des astuces de plateaux (l'estrade mouvante, la table qui se déplace comme par magie), ne fait pas preuve d'une folle audace. Beaucoup de savoir faire mais trop de sagesse, tel est l'Oncle Vania proposé ici.

    Toussométrie : Forte (4/5)

    Oncle Vania, d'Anton Tchekhov - Mise en scène : Claudia Stavisky - Théâtre des Bouffes du Nord - Jusqu'au 3 avril 2009 - de 12 à 26 euros.

    Je t'ai épousée par allégresse

    Comédie sentimentale

    On avait réservé des places pour voir ce spectacle, un peu à l'aveugle, et d'abord pour les comédiennes : Valeria Bruni-Tedeschi, pour l'impatience d'avoir devant soi, en chair et en os, l'actrice de cinéma ; et Edith Scob, pour la fulgurance de ses apparitions (voir L'Heure d'été, d'Olivier Assayas, où elle était à peu près la seule chose de bien). Et puis, stupeur, dans l'intervalle entre la réservation et la représentation, un déluge de critiques s'abat sur la toile. Superficiel, longuet, sans intérêt, les internautes estiment qu'il est bien inutile de se déplacer.

    Aurait-on moins aimé si l'on n'y était pas de ce fait allé à reculons? Le plaisir que l'on a ressenti ne relèverait-il en fait que du soulagement? A t-on voulu compenser par notre enthousiasme les sièges vides dans une salle un vendredi soir?

    Toujours est-il qu'on a trouvé notre compte dans cette comédie légèrement amère, qui parle sans s'apesantir de la possibilité, ou non, du couple. Il y a de la mélancolie bouffone, une bonne émancipée et des spaghetti au beurre ; un air de pop italienne, une mamma foldingue et pincée (merveilleuse Edith Scob), pas du tout dans les clichés, et l'histoire d'une femme qui se promenait dans les rues en attendant qu'un réalisateur de Cinecitta la remarque.

    Image

    Peut-être que le sentiment de futilité ressenti par certains vient de ce que les monologues assez longs, de Giuliana surtout (V. Bruni-Tedeschi), ne servent pas un grand propos, ni un message à l'adresse du public. On n'en retient que quelques filaments de sa vie ; qui étaient sa mère, ses premiers amants ; là où elle a travaillé, ou plutôt d'où elle a été renvoyée. La seconde partie de la pièce dépeint un déjeuner familial, son ennui, l'impasse de la conversation puis finalement la griserie et la joie éphèmères d'un bon poulet rôti arrosé de bon vin. C'est très simple, modeste et cela penche un peu vers le boulevard. C'est une dramaturgie du quotidien, sans coup d'éclat, mais qui pose, discrètement, les bonnes questions sur la nature du lien conjugal.

    La mise en scène de Marie-Louise Bischofberger est à l'unisson du texte et la galerie de personnages secondaires est excellement servie par des comédiennes exceptionnelles (Edith Scob donc, mais aussi Marie Vialle en bonne indispensable et Armelle Bérengier au sommet du burlesque). V. Bruni-Tedeshi et Stéphane Freiss étaient un peu hésitants le soir de notre représentation. Ils devraient prendre en assurance car le spectacle mérite mieux que les échos qu'il reçoit.

    Toussométrie : Moyenne (2/5)

    Je t'ai épousée par allégresse, de Natalia Ginzburg - Mise en scène : Marie-Louise Bischofberger - Théâtre de la Madeleine - Jusqu'en avril 2009 - de 17 à 48 euros.