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    jeudi 26 mars 2009

    Casimir et Caroline

    Trink, trink, trink

    Ödön von Horvath, l'auteur de Casimir et Caroline est mort écrasé par une branche d'arbre lors d'une tempête, à Paris où il s'était réfugié à l'aube de la seconde guerre mondiale. Mort absurde pour un homme qui avait résisté vent debout à la montée du nazisme en Allemagne et en Autriche. Dans Casimir et Caroline, on sent le souffle de l'auteur militant et du poète qui peint, sans concession à la morale ou à l'esthétique, la vie de ses contemporains. Casimir (Thomas Durand) et Caroline (Sylvie Testud) s'aiment et se rendent à la fête d'octobre ; mais s'aiment-ils assez pour rester ensemble alors que Casimir vient de perdre son travail, dans une époque où chacun lutte pour sa survie quotidienne? Caroline se laisse tenter par un tour de montagnes russes offert par un tailleur bourgeois ; c'est le début d'une nuit de disputes et de doutes, où Caroline et Casimir, portés par la foule ivre de bière (beaucoup de bière) et de vitesse, se perdent et se retrouvent, telles de frêles embarcations sur des flots déchaînés.


    Le théâtre de la Ville est un écrin à double tranchant pour Casimir et Caroline ; la scène est immense, bordée par une salle où les spectateurs sont alignés en pente raide. Le metteur en scène, Emmanuel Demarcy-Mota et son scénographe, Yves Collet, ont indéniablement réussi à transfigurer ce vaste espace en fête foraine munichoise aux accents expressionistes, fatras d'échafaudages précaires et des recoins interlopes, plongé dans une lumière glauque à souhait. Quelques tableaux sont marquants : celui où les jeunes fêtards glissent sur un rythme effréné sur les toboggans de la foire ou le passage de Caroline dans la tente aux "monstres". Mais dans cette immensité frénétique, cette mer sombre d'excitations artificielles, on perd un peu de vue nos deux protagonistes dont l'histoire est presque reléguée au rang de bruit de fond, malgré le très grand talent de Sylvie Testud. Est-ce à dire que le mouvement de l'histoire est un rouleau compresseur pour les destins personnels, et que ceux-ci ne sont qu'une suite de faux hasards conditionnés par la mécanique sociale?


    Le retournement de l'ordre dramatique, où la romance n'est qu'une toile de fond aux mouvements de masse, tient peut-être trop à distance le spectacteur et lui rend difficile l'émotion et l'empathie. Malgré la qualité du travail que l'on voit là, il n'est pas aisé de se défaire du sentiment d'assister à une "super-production" un peu froide, et donc un peu vaine...


    Toussométrie : faible (1/5)


    Casimir et Caroline, d'Ödön von Horvath - Mise en scène : Emmanuel Demarcy-Mota - Théâtre de la Ville - Jusqu'au 27 mars 2009 - De 12 à 20 euros environ - Il n'y a plus de places en vente pour ce spectacle.

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