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    mardi 11 août 2009

    Dernières impressions sur la saison 2008-2009 (1/3) - la violence

    Fin de saison mouvementée et émouvante que je n'ai pas pu commenté au jour le jour ; pas par manque de temps mais plutôt d'envie et d'inspiration suscitée par le dernier spectacle d'Emma Dante au théâtre du Rond-Point.

    La violence

    Le Pulle, c'est à dire les prostituées de Palerme, ville natale, lieu de travail et principale inspiration de l'auteure et metteure en scène ; des prostituées transgenres, désirées, convoitées, haïes, battues, violées par les habitants violents et contradictoires d'une cité déchue. C'était un spectacle punk, une performance, une provocation, orchestrée presque au fouet par une Emma Dante commentant l'action, chantant, abattant le décor (littéralement) au péril de ses acteurs ; des acteurs grimés, des hommes pourvus de perruques et de faux seins, des femmes dotées d'énormes godemichés, des poupées gonflables pour tous! Mais des acteurs qui ne jouent pas vraiment, qui se font vomir sur scène (littéralement aussi)... Points de suspension dans la salle, faut-il partir ou rester? Faut-il regarder la souffrance physique comme un spectacle, un combat de gladiateurs contemporain, l'exposition d'entrailles humaines comme remède à la curiosité morbide de citadins blasés en quête de sensations toujours plus fortes? Autant de questions auxquelles je ne sais pas répondre sans recourir aux outils trop simples de la morale et du bon goût.

    J'en retiens néanmoins une sensation amère, celle de ne pas pouvoir aimer pleinement quelque chose à laquelle on voudrait adhérer (l'audace, l'engagement physique), parce que les voies empruntées par cet anti-conformisme semblent aujourd'hui prévisibles, banales et presque complètement appropriées par la culture dominante, voire la culture d'Etat. Etrange sensation que d'entendre les professeurs de français qui avaient eu l'idée saugrenue d'amener leur classe de 4ème à ce spectacle enjoindre leurs élèves agités et interpellés par la pièce de se taire, de ne pas rire, de pas crier et de rester assis! Voilà le dressage des futurs spectacteurs (de théâtre, de télévision, de leur vie?) à qui l'on inculque la foi dans l'existence d'une barrière symbolique : aux artistes officiels le métier de la critique et de la provocation, soupape nécessaire à la préservation de l'ordre social, aux autres la soumission quotidienne et la catharsis ponctuelle à opérer dans un silence religieux!

    Le Pulle a pourtant le mérite paradoxal d'une cohérence totale dans son esthétique et son propos, un refus de la provoc' tiède et polie que l'on a malheureusement retrouvée plus tôt dans l'année chez Jean La Chance, pièce de jeunesse de Brecht montée au théâtre de la Bastille par des membres de Berurier noir. Casting mode (Clotilde Hesme, avec du talent mais non sans maladresse - voir la partie "accent campagnard", très ratée), chansonnettes punk hurlées/dansées et quelques codes brechtiens de rigueur (plateau visible, comédiens qui se changent au fond de la scène, interpellations du public) pour une adaptation un tantinet superficielle de la pièce. Même problème de positionnement pour la dernière création du chorégraphe Wim Vandekeybus au théâtre de la Ville (Nieuwzwart) : ambiance glauque, orchestre rock mi-psyché mi-bourrin, des danseurs qui se tortillent tous nus après avoir été découverts sous une immense couverture de survie dorée, qui se cognent contre les murs, bref une sorte de Rocky horror picture show qui se prendrait bien trop au sérieux.

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