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    mercredi 23 septembre 2009

    Vers toi Terre promise (tragédie dentaire)

    Après le Partage de Midi, reprise d'un spectacle à succès de la Comédie-française, le théâtre Marigny semble s'être donné comme mission automnale de tendre un filet de sécurité aux spectacteurs distraits ou débordés. Cette fois, il nous est donné de (re)voir Vers toi Terre promise, tragédie dentaire de Jean-Claude Grumberg, déjà balladée sur plusieurs scènes de France et d'ailleurs, au théâtre voisin du Rond-Point notamment. M. Grumberg tire un délicat portrait des Spodek, couple "orphelin" de ses filles (l'une est morte à Auschwitz, l'autre ne veut plus sortir du couvent où il s'était réfugiée), pour illustrer une question presque sans réponse : comment continuer à vivre après la catastrophe? La pièce, composée de vignettes de la vie d'après-guerre, souvent drôles, est bien servi par une mise en scène simple et ingénieuse et des comédiens très subtils. Philippe Fretun surtout, qui interprète à la perfection un homme abattu, amer, rejettant la pitié ou même la sollicitude de ses patients ou de ses amis et dont la seule ressource face au malheur semble bien être l'ironie glacée.


    Quelques maladresses dans l'écriture - des passages ressemblant à un "didacticiel" de la Shoah à l'adresse d'un public inculte ou la lecture un peu édifiante de documents administratifs liés à la spoliation et à la restitution des biens juifs (dans la même veine, les Folies coloniales, montées au théâtre de la Villette il y a quelques mois, mettaient à jour beaucoup plus subtilement les mécanismes racistes de l'administration française) - n'entament pas le plaisir du spectateur face à la drôlerie du spectacle.


    Vers toi Terre promise (tragédie dentaire), de Jean-Claude Grumberg - Théâtre Marigny, jusqu'au 22 novembre 2009 - de 29 à 39 euros (promotion web jusqu'au 27 septembre) - 1h45 environ.


    Toussométrie : nulle (0/5).

    jeudi 17 septembre 2009

    Le Partage de Midi

    Mauvais départ

    On oublie vite que l'on n'aime pas quelque chose. Le Partage de Midi a fonctionné sur nous comme une véritable piqûre de rappel du peu d'intérêt qu'on porte à Paul Claudel ; deux heures vingt de nausée et puis on ressort vacciné pour plusieurs années. Pourtant, le spectacle, d'abord monté à la Comédie-Française et repris en franchise par le Théâtre Marigny, est idéal comme un petit pain calibré prêt à consommer. La mise en scène d'Yves Beaunesne démontre un goût parfait ; une scénographie épurée, "classieuse" même, et un quatuor de comédiens très très accordé : Marina Hands, crédible en "femme fatale d'à côté" et beaucoup de métier chez les garçons (surtout Hervé Pierre). Encore faut-il aimer la diction un peu précieuse d'Eric Ruf et pardonner aux comédiens de venir réclamer des applaudissements pour la quatrième fois alors que ceux-là étaient presque complètement éteints.



    Reste le texte ; est-ce parce que l'influence de Claudel n'est pas négligeable que ses mots sur l'amour sonnent aujourd'hui comme des clichés? Qu'il semble qu'on met dans la bouche d'adultes très mûrs des élans maladroits d'adolescents exaltés? Qu'il est bien niais (et d'ailleurs vierge) ce Mesa, cet alter ego de Claudel, qui à défaut d'être moine, ne peut voir rien d'autre en la femme qu'une tentatrice dangereuse jusqu'à la transfiguration pathétique de la traîtresse en ange de miséricorde qui lui promet la communion éternelle au sein de Dieu? Voilà le fantasme enfantin qui conclut la pièce, la fusion maternelle sous l'oeil bienveillant du père, l'Oedipe réconcilié, après deux heures de tirades toutes poisseuses de sentimentalité.


    Le Partage de Midi, de Paul Claudel - Théâtre Marigny, jusqu'au 3 octobre - de 25 à 45 euros - 2h20 env.


    Toussométrie : Faible (1/5) - Salle manifestement captivée.